Récit de Belvèze : 3 août 1855

En quittant Montréal, je me suis proposé de suivre les belles voies navigables qui conduisent jusqu'aux confins du haut Canada.
C'est en effet la route qu'il est important de faire connaître à notre commerce.
Le gouvernement canadien a dépensé des sommes énormes pour la rendre facile à la montée et à la descente, et pour faire ainsi du Saint-Laurent la grande voie commerciale du N. et de l'O. de l'Amérique septentrionale.
Sous le rapport politique, d'ailleurs, il n'est pas sans intérêt de connaître cette ligne de grands lacs sur laquelle est tracée la frontière des États-Unis, et où pourraient bien se débattre un jour des questions d'équilibre et de puissance maritime.
Le Saint-Laurent est uni au lac Ontario par une suite de lacs; on descend de l'Ontario [le lac] au Saint-Laurent en franchissant des rapides que les grands navires à vapeur bravent avec une audace et un bonheur admirables.
Je reviendrai avec plus de détails sur ces voies de communication; sur les deux rives, des réseaux de chemins de fer relient les diverses parties du Canada avec les États-Unis.
On remonte du Saint-Laurent au lac Ontario et au-delà en passant à travers de magnifiques canaux qui rachètent les rapides : les péages sont peu élevés.
Je suis parti de Montréal sur un steamer; partout où il touchait, à Beauharnois, Cobourg, Port-Hope, etc., le télégraphe avait amené les populations au rivage, et le maire, l'adresse à la main, venait saluer l'envoyé de la France.