« Église, Collège, et Couvent, Beauharnois, Que. », carte postale, s.l., s.é., 19-??. Photo © Bibliothèque nationale du Québec.Les origines de Beauharnois, domaine seigneurial concédé à Charles et Claude de Beauharnois en 1729, remontent à la paroisse de Saint-Clément-de-Beauharnois, dont les registres sont officiellement ouverts en janvier 1819. Devenu village en 1845, le domaine est incorporé officiellement en tant que ville en 1863. Peuplée de 12 162 habitants en 1851, la ville de Beauharnois fonde son économie sur une petite industrie locale qui s'approvisionne dans l'arrière-pays et qui tire partie de sa position avantageuse de zone frontière entre la région montréalaise et les Grands Lacs. La proximité de Montréal et des États-Unis a également un impact sérieux sur le développement de la ville, puisqu'elle offre de vastes débouchés pour l'agriculture. En outre, la proximité de la région montréalaise permet à Beauharnois d'accueillir la population excédentaire de la métropole. En 1855, c'est Robert Johnston, marchand et maire de Beauharnois de 1855 à 1857, qui accueille Belvèze dans sa ville.

« Adresse du maire [Robert Johnston] et des citoyens du village de Beauharnais [sic] à M. de Belvèze, commandant la division navale de France à la station de Terreneuve », La Minerve, vol. 27, no 126, 14 août 1855, p. 2 :
M. le Commandant,
Ayant appris par la voie des journaux que vous deviez passer par le canal de Beauharnais pour vous rendre dans le Haut-Canada, poursuivant toujours votre mission pacifique dans le but d'établir des relations commerciales plus étendues entre la France et les Canadas-Unis, nous avons cru qu'il était de notre devoir de vous saluer à votre passage.
Après les brillantes réceptions qui vous ont acceuilli [sic] dans nos grandes villes de Montréal et Québec, vous serez peut-être peu flatté de la nôtre en arrivant dans ce petit coin du B[as].-Canada. Mais vous pourrez être certain, M. le Commandant, qu'ici comme là-bas, battent des cœurs français qui se réjouissent de votre voyage ici, surtout lorsque vous apportez avec vous la bonne nouvelle que la France pense à nous rapprocher d'elle. Nous avons l'espoir que votre voyage dans le Haut et dans le Bas-Canada ne sera pas infructueux pour l'avenir. C'est là non seulement le vœu des Canadiens-français, mais aussi celui de nos compatriotes d'origine britannique. Recevez, M. le Commandant, l'assurance de notre plus haute considération, et soyez persuadé que nous fesons [sic] tous des vœux pour le succès de votre mission.
(Signé)
Robt. Johnston.
Maire.
Beauharnais [sic], 3 août 1855.
M. de Belvèze répondit à peu près comme suit :
M. le Maire et Messieurs,
« Je vous remercie bien sincèrement des expressions de sympathie que contient votre adresse. Ce mouvement de votre part prouve que vous aussi, vous savez apprécier la mission dont je suis chargé, et soyez sûr que rien ne me rendrait plus heureux que de pouvoir réussir à renouer des relations commerciales entre la France et le Canada. Les dispositions si bienveillante[s] des Canadiens, qui se traduisent partout par des témoignages éclatants, contribueront largement au succès de ma mission, et vous aurez votre part, messieurs, dans une œuvre dont les résultats ne sauraient être trop hautement appréciés.
« Permettez-moi de vous dire que l'apparence de votre village si florissant et la beauté des campagnes qui l'environnent ne sont pas de nature à justifier la modestie de votre adresse. Au contraire, vous pouvez vous vanter d'habiter une des plus belles parties du Canada que vos attentions délicates ne me permettront pas d'oublier.
« Agréez, M. le Maire et Messieurs, l'assurance de ma considération, et des vœux que je forme pour votre prospérité. »
M. le Commandant fut alors invité à descendre à terre avec ceux qui l'accompagnaient et le parti se rendit à l'endroit pittoresque qu'on appelle le Pointe au Buisson, vis-à-vis des Rapides des Cascades. Ici une collation avait été préparée, à l'ombre des grands arbres qui ornent, en cet endroit, les rives élevées du fleuve.
Inutile de dire que chacun s'empressa de faire honneur au repas champêtre. Bientôt après, on se remit en route pour rejoindre le steamer, et vers six heures du soir, la députation prit congé de M. de Belvèze qui parut enchanté de la réception et des égards respectueux dont il avait été l'objet.
De leur côté, les habitants de Beauharnais n'ont qu'à se féliciter de la courtoisie de M. Belvèze, et ils garderont longtemps le souvenir de son passage au milieu d'eux.
Beauharnais, 4 août 1855.
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