Récit de Belvèze : 27 juillet au 3 août 1855

Ainsi escortés, nous arrivâmes à Montréal dont les quais, les rues étaient remplis par la population tout entière, saluant de hourras chaleureux le pavillon de la France. J'étais accompagné de quelques-uns de mes officiers, de M. Drummond, ministre de la justice, du colonel Irving, aide de camp du gouverneur, etc.
Le maire, la corporation, le bureau du commerce, l'Institut canadien et les troupes étaient au débarcadère, et je fus conduit, à travers des rues pavoisées, à Saint-Lawrence-Hall, où la municipalité avait pourvu à nos logements.
Le lendemain, je me rendis avec le maire à l'hôtel de ville, où me furent lues devant une nombreuse réunion, et avec la solennité qui est habituelle aux Anglais, les adresses de la ville, du bureau de commerce et de l'Institut.
Les jours suivants, les banquets, les visites se succédèrent.
Montréal n'est pas seulement une grande ville commerçante, c'est une charmante cité qui est destinée à devenir une des grandes capitales de l'Amérique.
J'ai visité, sous la conduite du maire, le docteur Nelson, les établissements de bienfaisance et d'instruction publique, tous fondés et administrés par des religieuses et des prêtres français, et où l'esprit de charité et de dévouement est un sujet d'admiration, même pour les protestants des États-Unis.
La Compagnie du Grand-Trunk (chemin de fer) m'a mené, sur un de ses steamers, voir les ponts tubulaires de Sainte-Anne et de Montréal : ce dernier, qui aura 2,700 mètres de long, est jeté sur un des points les plus rapides du Saint-Laurent, et sera une des œuvres d'art les plus gigantesques qu'ait produites le génie humain.
Dans cette course, j'eus l'occasion de visiter le village iroquois de Cauynauwagan, qui reçut, l'année dernière, de S. M. l'Impératrice, de riches ornements pour la chapelle du village; c'est le dernier reste de ces tribus aborigènes qui furent alternativement pour nous de cruels ennemis et des alliés fidèles, et qui ont définitivement conservé dans leurs traditions un sentiment de respect et d'amour pour leurs pères français.
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