Identification visuelle de BAnQ
Bénédiction et inauguration du pont Onésime-Gagnon, à Price

Octobre 1959

P719,S2,SS2,SSS2,
D40,P34

Un homme politique tourné vers l’avenir
1930-1960
Première conférence de presse

Photographe Neuville Bazin Office provincial de publicité, Service provincial de ciné-photographie. 11 septembre 1959

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D40,P8

Paul Sauvé succède à son père comme député conservateur dans le comté des Deux-Montagnes lors de l'élection partielle de 1930. Réélu en 1931, il demeure presque sans interruption représentant de cette circonscription jusqu'à son décès en 1960. Dès ses débuts sur la scène politique, il s'élève à une fonction des plus prestigieuses en devenant à 29 ans le plus jeune orateur de la Chambre d'assemblée (1936-1940).

L'intermède de la Seconde Guerre mondiale met temporairement un frein à sa carrière politique, même s'il demeure député élu dans Deux-Montagnes. Démobilisé en janvier 1945, il fait un retour à la vie publique et parlementaire dès l'ouverture de la session parlementaire le 7 février 1945. Maurice Duplessis lui offre alors la direction d'un tout nouveau ministère, celui du Bien-être social et de la Jeunesse où il lui laisse les coudées franches.

Responsable de la gestion de l'ensemble des programmes sociaux et des établissements d'assistance publique, il met de l'avant de nombreux programmes, notamment les allocations de vieillesse, les programmes d'aide aux mères nécessiteuses, les pensions aux aveugles et le programme de pensions aux invalides. Paul Sauvé se porte aussi à la défense des jeunes contrevenants avec le dépôt en chambre du bill 65 visant à privilégier l'aspect de la prévention/réhabilitation en matière de délinquance juvénile. Le Québec se positionne dès lors à l'avant-plan dans le dossier de la rééducation.

Progressiste et visionnaire, Paul Sauvé se préoccupe de former une main-d'ouvre qualifiée dans les secteurs de pointe afin de répondre aux exigences d'un marché d'après-guerre en pleine expansion. L'une de ses contributions majeures à l'essor économique du Québec réside dans le développement d'un réseau provincial d'une cinquantaine d'écoles d'enseignement professionnel spécialisées dans divers secteurs d'activités : textile, ébénisterie, papeterie, marine, arts appliqués, arts graphiques, automobile, etc. Mentionnons, entre autres, parmi les écoles techniques, d'arts et métiers, l'École du meuble, l'Institut de technologie de Montréal, l'École de papeterie de la province de Québec, l'École provinciale de Marine. Fait inédit, toutes ces écoles seront placées sous l'égide d'un personnel enseignant essentiellement laïc. Plusieurs de ces institutions se trouvent également documentées dans le fonds de l'Office du film du Québec (E6,S7,SS1) conservé au Centre d'archives de Montréal (BAnQ).

Sanctionné par un vote unanime de la députation unioniste, Paul Sauvé succède le 11 septembre 1959 au premier ministre Duplessis décédé subitement. Le gouvernement Sauvé dépose lors de l'ouverture de la nouvelle session une série de 27 projets de loi. Lors de la présentation à la presse de son cabinet, il marque, d'entrée de jeu, le coup d'envoi en lançant sa légendaire formule leitmotiv « désormais », visant à donner le ton d'un tout nouveau style de gouvernance axé sur les réformes à venir.

Paul Sauvé veut bien faire comprendre à ses concitoyens que le Québec se situe à un point tournant de son évolution. La Belle province se trouve en fait à la croisé des chemins vers une ère de modernisation de ses institutions et de son administration. Les historiens qualifieront plus tard de « Révolution des 100 jours » ce trop bref passage à la tête de l'État. Certains même y verront une forme de prélude au grand remue-ménage de la Révolution tranquille des années 1960. Son action s'inspire effectivement de l'«idéologie du rattrapage» qui pavera la voie à l'ère des réformes de la Révolution tranquille. Paul Sauvé, le plus progressiste des conservateurs, semble s'être donné pour objectif de faire entrer le Québec de plein pied dans l'ère de la modernité.

Au nombre des mesures mises de l'avant au cours de ses 112 jours de règne, signalons le coup de barre donné dans le dossier des relations avec le monde des médias, le règlement si longtemps espéré de la question des subsides fédéraux aux universités, la reconnaissance du droit d'association et l'ouverture aux mouvements de syndicalisation, le renforcement des acquis de la Fonction publique, instrument indépendant de l'appareil de l'État. Paul Sauvé crée également un poste de chef de l'information afin de mieux faire valoir auprès la population le bien-fondé des nouvelles orientations de son gouvernement.

Il sait déléguer et faire confiance à son cabinet. Ses ministres auxquels il laisse plus de latitude conservent la responsabilité de leurs décisions. Il relance les discussions sur la frontière du Labrador, déclare l'urgence de réévaluer le système d'éducation. Nous le voyons prendre part aux négociations fédérales-provinciales sur le partage des impôts et la fiscalité. Sur le plan des infrastructures, il inaugure l'autoroute des Laurentides et annonce la construction de trois centrales hydroélectriques sur la rivière Manicouagan.

Son décès subit le 2 janvier 1960 déconcerte les milieux politiques, attristés devant la disparition d'une des plus brillantes figures de sa génération. Selon Georges-Émile Lapalme, sans ce départ prématuré, Paul Sauvé aurait sans doute eu la volonté et l'intelligence politique de procéder à la plupart des grandes réformes qui transformeront bientôt de fond en comble notre paysage socioculturel québécois au cours de la Révolution tranquille.

Des obsèques nationales sont célébrées le 5 janvier dans sa ville d'origine et la dépouille est exposée en chapelle ardente dans la résidence familiale, rue Chénier, où ses concitoyens viennent en grand nombre lui rendre un dernier hommage. Les représentants de la classe politique sans distinction d'allégeance assisteront aux funérailles. Antonio Barrette, ministre du Travail dans les cabinets Duplessis et Sauvé, lui succède brièvement le 8 janvier comme premier ministre avant d'être remplacé par Jean Lesage et son équipe portés au pouvoir dès juin 1960.