Voici maintenant le rapport d'ensemble dont il s'agit adress[é] par M. Belvèze à Son Excellence l'amiral ministre de la marine et des colonies.
Monsieur le ministre,
J'ai eu l'honneur de vous faire connaître, dans deux dépêches succinctes, mon arrivée en une partie de mon voyage à travers les deux provinces du Canada. Je réunis dans ce rapport tous les détails de la mission que j'ai remplie conformément aux ordres de Votre Excellence : je m'estimerai fort heureux, si le gouvernement de Sa Majesté Impériale juge que ses intentions ont été en tous points comprises et ses ordres exécutés.
Votre Excellence m'avait fait pressentir la nécessité d'apporter la plus grande prudence et une attention intelligente dans toutes les démarches à accomplir dans la délicate position où j'allais me trouver.
J'espère avoir été assez heureux pour ne quitter le Canada qu'en emportant l'estime et l'affection personnelle de tous, depuis le gouverneur-général jusqu'aux populations les plus énergiquement anglaises et protestantes. Partout on a manifesté devant moi l'expression du respect et de la confiance pour le gouvernement et la personne de l'Empereur et le désir de voir s'ouvrir une large voie commerciale entre la France et ce beau pays.
Rien n'est plus complexe à bien connaître et à bien accorder que les éléments très-divers qui composent la population, l'esprit, les tendances et les préjugés des deux Canadas; ma tâche m'a du reste été facilitée par l'accueil que j'ai trouvé ici de tous côtés.
J'ai été accompagné partout pendant tout mon voyage par M. Drummond, ministre de la justice : tout ce qu'on peu attendre d'un homme instruit, de bonne compagnie, d'un magistrat aussi intègre qu'il est savant et éloquent, je l'ai trouvé dans M. Drummond.
M. Baby, armateur des bâtiments à vapeur chargés du remorquage dans le fleuve, et qui reçoit pour cela du gouvernement canadien une subvention qui allége, sans les annuler, les charges du commerce, a remorqué la corvette la Capricieuse, du Bic à Québec et de Québec au Bic, avec le steamer l'Advance; il m'a conduit à Montréal avec ma suite, et il n'a jamais voulu stipuler aucune rémunération pour des services aussi coûteux.
J'ai dit et je répète que le succès de cette mission est un sujet d'étonnement pour tout le monde ici; le moment choisi par Votre Excellence était donc parfaitement opportun : il sera important que le commerce ne laisse pas oublier cet excellent résultat et qu'il se lance résol[u]ment dans cette voie nouvelle où il trouvera le placement de nos produits et leur échange contre les potasses, les bois, les salaisons, les blés et les farines, et plus tard les minerais de cuivre.
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