« Saint-Vincent de Paul et la Rivière des Prairies », photographie tirée de L'Album universel, vol. 21, no 1053, 25 juin 1904, p. 151. Photo © Bibliothèque nationale du Québec.Le village évoqué par Belvèze est situé à l'ouest de Duvernay et au sud de Saint-François, sur la pointe ouest de l'île de Laval. Ce que le narrateur désigne ici par « l'Ottawa » (aujourd'hui rivière des Outaouais) est évidemment la rivière des Prairies, le lac des Deux Montagnes marquant la fin de la rivière des Outaouais.

« Visite de M. de Belvèze a [sic] St. Vincent de Paul et au Sault au Récollet », La Patrie, vol. 1, no 84, 17 août 1855, p. 3 :
Mercredi matin [15 août], M. de Belvèze et le capt. Gauthier, conduits par le col. Jacques Viger, partirent pour aller faire une excursion dans l'Isle Jésus, et visiter en passant le Sault au Récollet. M. Viger avait eu l'heureuse idée de faire voir à M. de Belvèze cette intéressante partie de notre district, où la population est si purement française, et dont le sol est si fertile. Le temps était beau, et l'on sait que la route, jusqu'au Sault, est magnifique. Le voyage se fit donc rapidement. Arrivés au pont de Viau, les voyageurs trouvèrent, à leur grande surprise, une nombreuse cavalcade d'habitans [sic] de St. Martin, qui attendaient les officiers français pour les féliciter et leur faire les honneurs de leur territoire. Le Maire de St. Martin présenta une adresse à laquelle M. de Belvèze répondit brièvement et dignement. Ces cavaliers escortèrent M. de Belvèze, musique en tête, jusqu'au village de St. Vincent. A l'entrée de cette paroisse, un nombreux détachement de milice, sous les ordres de leur officier supérieur, M. Germain, N. P., vinrent recevoir M. de Belvèze et l'accueillirent par des salves nombreuses de fusils et les sons d'une fort bonne musique, qui a été organisée là par M. Brauncis. M. de Belvèze reçut une nouvelle adresse et y répondit avec chaleur. Il dit combien il était heureux de voir que la population de ces paroisses avait conservé un souvenir si vif de la France, et lui rappela que cependant ses serments l'attachaient à l'Angleterre, et qu'elle ne devait jamais oublier ses devoirs. Il félicita les agriculteurs sur la magnifique apparence de leurs moissons et sur l'air de bonheur et d'aisance qui régnait partout parmi eux. On sait que l'Isle Jésus est remarquablement fertile, et que de son rivage élevé et bordé d'arbres fruitiers sans nombre, on jouit d'une admirable vue.
M. de Belvèze alla ensuite visiter le couvent du Sacré-Cœur, où il fut reçu par la révérende dame Supérieure, Mme de Monistrol, avec cette politesse exquise que ces dames ont apportée de France et savent si bien enseigner à leurs élèves. Après avoir parcouru tout ce superbe et vaste établissement, M. de Belvèze fut invité à aller assister à la pose de la première pierre du collège Laval, et il eut l'honneur de donner le premier coup de marteau à la fondation de cet établissement destiné à une éducation d'un genre tout-à-fait convenable à notre pays.
Il est à remarquer que le terrain de ce collège a été béni par le Nonce du Souverain Pontife, Mgr. Bedini, et que la première pierre en est posée par un représentant de l'Empereur des Français, le jour même de la fête de ce souverain.
Après quelques moments passés dans la société des braves citoyens de St. Vincent, M. de Belvèze reprit le chemin du Sault, admira en passant la chûte [sic] où périt le père Vielle, Récollet dont la mort à donné le nom à cet endroit, et se rendit enfin, par le pont de M. Delisle, au village du Sault.
A l'entrée du pont, une garde d'honneur en fort joli uniforme, sous les ordres du capt. Brousseau, se tenait prête à le recevoir et l'escorter jusqu'à la belle résidence de Messire Vinet, curé du lieu, où un excellent déjeuner attendait les voyageurs. On sait comment M. Vinet sait exercer l'hospitalité et il est inutile de dire que la réception qu'il offrit à ces messieurs fut splendide. Après une heure ou deux passées aussi gaiement que possible, M. de Belvèze et ses compagnons d'excursion, repartirent pour Montréal, enchantés de leur petit voyage et hautement flattés de la cordiale réception qui leur avait été faite.
M. de Belvèze, M. Gauthier et l'hon. L. T. Drummond sont partis mercredi soir, sur le John Munn, et doivent s'arrêter aux Trois-Rivières, où de grands préparatifs ont été faits pour recevoir dignement les officiers français. Les journaux de cette ville nous donneront, sans doute, les détails des fêtes de leur localité.
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