« M. de Belvèze », La Patrie, vol. 1, no 80, 3 août 1855, p. 2 :
Mercredi [1er août], M. de Belvèze et les officiers de la Capricieuse sont allés visiter les immenses travaux que la compagnie du Grand Tronc fait exécuter à Ste. Anne et à la Pointe-Claire. Comme M. Hodge, surintendant des travaux du Grand Tronc, ne nous a pas fait l'honneur de nous inviter, comme nos confrères de la presse anglaise, à faire partie de l'expédition, nous ne pouvons pas donner de grands détails à ce sujet.
Nous savons seulement en gros que le voyage a été fort agréable sous tous les rapports. Le temps était magnifique et une bonne brise tempérait l'ardeur du soleil. L'hon. M. Drummond, le maire de Montréal et plusieurs citoyens distingués accompagnaient M. de Belvèze. Ce monsieur et les autres officiers furent grandement surpris et émerveillés de l'immensité et du grandiôse [sic] des travaux de la compagnie du Grand Tronc. Le pont tubulaire de Ste. Anne qui est presque achevé fit le sujet de leur profonde admiration, par la hardiesse et la beauté de sa construction. Les voyageurs visitèrent aussi les travaux et les vastes carrières de la Pointe-Claire, et le Maire de village de ce nom, E. Robillard écr. offrit, au nom de ses concitoyens, une adresse de félicitation à M. de Belvèze, qui y répondit avec beaucoup de cordialité et de bonheur.
Les excursionistes [sic] descendirent en bateau à vapeur, au travers des rapides de Lachine et visitèrent les immenses ateliers de la compagnie du Grand Tronc, à la Pointe St. Charles. Les vastes forges, les moulins à scies, les ateliers de charpente, menuiserie etc. tous fonctionnant au moyen de la vapeur, furent examinés et admirés en détail, et les hôtes de la ville rentrèrent au St. Lawrence Hall, plus convaincus que jamais que ce pays a d'immenses ressources et qu'il avance à grands pas vers un état de prospérité brillante.
Le soir, ces messieurs dinèrent [sic] chez l'hon. Chs. Wilson, qui les reçut avec sa politesse et sa somptuosité ordinaires. Après le dîner les salons de Mme Wilson s'ouvrirent à une société nombreuse et choisie et la danse se prolongea fort avant dans la nuit.
Hier [jeudi 2 août] à 7½ heures M. de Belvèze et les officiers de la Capricieuse, allèrent faire un tour de promenade sur le Champ de Mars, où se trouvaient deux bandes de musique qui exécutaient leurs plus beaux airs devant une immense réunion de citoyens des deux sexes. Jamais, peut-être, le Champs de Mars n'a vu une foule aussi nombreuse. Il n'y avait pas moins de cinq ou six mille personnes et il était à peu près impossible de circuler. Le Maire fit un discours à l'assemblée au sujet de la mission de M. de Belvèze; des hourras répétés pour l'Empereur des Français, pour la Reine et pour les officiers de la Capricieuse furent poussés à diverses reprises. M. de Belvèze prononça ensuite quelques paroles; il s'appliqua à bien faire comprendre que sa mission était purement commerciale et toute pacifique; il félicita le Canada sur l'état de prospérité où il se trouve, sur les élémens [sic] de prospérité plus grande encore qu'il possède, et se réjouit pour la France et son ancienne colonie des nouvelles relations qui allaient s'ouvrir entre elles. Ses paroles furent accueillies avec le plus vif enthousiasme. M. de Belvèze et les autres hôtes de la ville passèrent la soirée chez Mme de Beaujeu, qui avait réuni une nombreuse société dans ses brillans [sic] salons et cette journée aussi se termina par la danse.
Nos hôtes charmans [sic] et distingués nous ont quittés aujourd'hui; ce matin, vers onze heures, M. de Belvèze et quelques[-]uns de ses officiers sont partis (viâ [sic] Lachine) accompagnés de l'hon. L. T. Drummond, de M. Begly, du col. Irwine et de plusieurs autres pour aller visiter les villes principales du Haut-Canada [Kingston, Ottawa et Toronto], et les fameuses chûtes [sic] de Niagara. Les autres officiers, et les matelots de la Capricieuse sont redescendus à Québec, à bord de l'Admiral.
M. de Belvèze fera tout son voyage par eau, afin de pouvoir mieux examiner les ressources qu'offre au commerce la voie de la navigation. À son retour il s'arrêtera un jour ou deux à Montréal, et assistera à un dîner que l'Institut-Canadien lui a offert, au nom de la jeunesse française. Comme il a été bien entendu et convenu qu'il ne se ferait et ne se dirait rien qui eût le moindre rapport à la politique, nous espérons que les Canadiens-Français s'y montreront en grand nombre pour achever de prouver à M. de Belvèze combien sa visite est agréable à notre population. |
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