George William Allan Fonds Ægidius Fauteux (BM1,S5). Ville de Montréal, Gestion de documents et archives.


Onzième maire de Toronto, George William Allan (1822-1901) est un personnage distingué et un administrateur compétent. Unique héritier de l'Honorable William Allan, homme d'affaires, officier de milice, juge, fonctionnaire et homme politique, il est reçu avocat en 1846. Dès son entrée en politique, en 1849, puis pendant son mandat à la mairie, il se bâtit une réputation enviable en franchissant avec succès les négociations et l'organisation pour le moins complexe de la mise en chantier des chemins de fer de la région torontoise. Grand voyageur, amateur d'art et d'horticulture, il participe à la politique fédérale du Canada-Uni à partir de 1858, puis est nommé sénateur en 1867.



« Adresse du maire de Toronto [George William Allan] à monsieur le commandant de Belvèze », La Minerve, vol. 27, no 127, 16 août 1855, p. 2 :

Au nom des citoyens de Toronto, nous ôsons [sic] vous assurer que nous éprouvons un plaisir sincère à vous accueillir dans la capitale du Haut-Canada. La communauté d'intérêts et le progrès des relations sociales et commerciales intimes entre les Anglais résidant en cette province et les premiers colons d'origine française ont produit des résultats également bienfaisants pour le bonheur et la prospérité des deux races, et fait naitre [sic] des sentiments de bienveillance et de respect mutuels entre les descendants des deux peuples. C'est pourquoi l'arrivée, parmi nous, d'un représentant de cet empire des rives duquel un si grand nombre de nos compatriotes ont émigré, est accueillie avec tant de bonheur, non seulement, monsieur, par vos compatriotes en cette province, mais par toutes les classes des sujets canadiens de Sa Majesté que le même sentiment anime.

L'alliance qui, aujourd'hui, existe si heureusement entre notre mère-patrie et le puissant empire auquel vous appartenez, donne le plus vif intérêt à la visite à cette province, d'un officier de la flotte vaillante qui, en ce moment, combat à côté de la nôtre pour la liberté et la paix du monde; cette visite rend en outre à propos l'expression de nos vœux sincères pour le succès des armes des forces alliées, et pour qu'après l'établissement d'une paix juste et honorable, fruit de leur valeur unie, les liens d'amitié entre la France et l'Angleterre durent longtemps.

Les habitants du Haut-Canada portent le plus grand intérêt au but particulier de votre mission; et nous espérons que les résultats contribueront à développer les ressources de cette province, par l'ouverture de nouveaux débouchés pour notre commerce, et par l'établissement d'un échange de produits entre les deux pays.

La position que le Canada a pu prendre à l'Exposition de Paris, et les échantillons de notre agriculture et de nos fabriques qui y sont exhibés, ont contribué à mieux faire connaître au peuple français les ressources et le caractère industriel de cette province. Et si votre visite a pour résultat d'établir un échange commercial direct entre le Canada et la France, les deux pays ne sauraient qu'en attendre des avantages mutuels.
Monsieur de Belvèze répondit en français, et l'hon. Procureur-Général Drummond traduisit en langue anglaise la réponse du Commandant à l'assemblée : -

(Traduit des journaux anglais.)

M. le Maire,
J'éprouve un sentiment de satisfaction que je ne saurais dissémuler [sic] en rencontrant à Toronto un accueil aussi plein de bienveillance et de cordialité.

La sympathie manifestée dans cette capitale du Haut-Canada, est un acte d'hommage envers la Reine Victoria et l'Empereur Napoléon, pour la politique d'union, de concorde et de bonne entente qu'ils ont substituée à la politique d'antagonisme autrefois existant entre l'Angleterre et la France.

L'une des conséquences les plus importantes de cette politique généreuse sera de fortifier et rendre plus utiles les relations entre les sujets des deux couronnes.

C'est cette pensée qui a inspiré à l'Empereur la mission dont je suis chargé. Malgré les préoccupations de la guerre, il a voulu établir entre ces deux pays, jadis unis par d'autres liens, des relations commerciales d'une nature directe et spontanée, et j'ai été envoyé pour préparer la voie à l'établissement de ces relations.

J'ai parcouru avec soin les grandes routes de la navigation qui unissent les points les plus éloignés de votre vaste pays avec la mer; et, durant mon voyage, je me suis convaincu que dans cette belle région, habitée par les descendants des nations les plus intelligentes et les plus industrieuses de la terre, des progrès immenses ont été faits, progrès tels que l'Europe n'en a point d'idée.

Des échanges se font aujourd'hui entre le Canada et la France, mais seulement par des voies intermédiaires, ce qui rend les transactions onéreuses pour les consommations. Que ces échanges s'opèrent d'une manière directe et ils deviendront plus profitables aux deux peuples.

J'espère que nos vaisseaux marchands suivront le sillage de la Capricieuse. Accordez-leur votre encouragement, messieurs. Ils n'établiront point une nouvelle rivalité contre vous; ils ouvriront simplement à une partie de votre commerce son cours naturel.

J'espère que le tarif sera modifié des deux côtés, de façon à favoriser le résultat, et quand les eaux du Saint Laurent et des lacs seront sillonnées par les navires de toutes les nations, le Canada prendra la haute position qui est due à l'intelligence et à l'activité de ses habitants, et qui lui est préparée de main longue par l'habileté du gouvernement anglais.

Veuillez, M. le Maire, communiquer mes sentiments de gratitude aux citoyens de Toronto, et accepter l'expression de ma haute considération pour vous personnellement.