À cette occasion, Belvèze fait la rencontre de François-Xavier Garneau, dont le premier tome de l'Histoire du Canada est paru en 1845, suivi du deuxième en 1846 et du troisième en 1849. Une réédition complète paraîtra en 1852, alors qu'une troisième édition, préparée avec son fils Alfred, sera offerte aux lecteurs en 1859 et vaudra à Garneau le titre d'historien national. Après une remarquable éducation, fruit d'un parcours académique varié et d'une série d'heureuses rencontres, Garneau complète une formation de notaire en 1830. Il fait quelques voyages en Europe et vit ensuite d'emplois divers. La figure de l'historien commence à émerger en 1837, alors que Garneau commence à développer une position critique à l'égard de la politique de l'Angleterre et de l'union des deux Canada, qu'il juge catastrophique pour la survie de son peuple. Bien que ses propos ne fassent pas l'unanimité, il est reconnu comme l'un des auteurs canadiens-français majeurs du XIXe siècle.


François-Xavier Garneau, Fonds Ægidius Fauteux (BM1,S5). Ville de Montréal, gestion de documents et archives.



L'article qui suit rend compte de l'entrevue de Belvèze avec Garneau (« Le commandant de la Capricieuse et l'historien du Canada, M. Garneau », Journal de Québec, 13e année, no 82, 17 juillet 1855, p. 1 :

L'auteur de l'histoire du Canada a été de la part de M. de Belvèze, l'objet des sympathies les plus spontanées et les plus flateuses!

« C'est en grande partie à votre livre, monsieur Garneau, lui disait-il, que je dois l'honneur d'être aujourd'hui en Canada, parmi cette famille d'amis et de Frères.
Il forme la plus solide base du rapport officiel que j'adressai au gouvernement de l'Empereur, sur les ressources commerciales de votre beau pays, car je vous ai volé, à pleines mains, de nombreuses et belles pages, et l'honneur de vous rencontrer des premiers en Canada, monsieur, n'est certainement pas le moindre des bonheurs qui m'y attendaient. »

M. Garneau fut profondément touché de cet hommage si soudain, vraie politesse d'un esprit supérieur qui sait parfaitement juger les œuvres glorieuses de l'intelligence.
Et nous apprenons avec une bien vive satisfaction, que M. Garneau a regardé comme un devoir et un honneur pour lui, de faire porter ce matin, par son propre fils, au commandant de la Capricieuse, un exemplaire de l'Histoire du Canada.
Qu'on ne s'y trompe point, de tels faits ont de la portée et dans l'avenir qui se prépare pour le Canada, il est bon de dire en quelle mesure, certains hommes auront respectivement concouru à le rendre prospère, glorieux et fécond.