« Visite d'un Montréalais à la Capricieuse », La Minerve, vol. 27, no 120, 31 juillet 1855, p. 3 :
Nous croyons devoir faire part à nos lecteurs des détails suivants contenus dans une lettre que nous avons reçue de Québec ces jours-ci. Ce compte-rendu d'une visite à la corvette française par un jeune monsieur de Montréal, quoiqu'écrit [sic] bien à la hâte comme il nous le fait remarquer lui-même, ne laisse pas, comme tout ce qui concerne la Capricieuse, de posséder un intérêt tout particulier. Le voici : -
« Je ne m'attendais pas précisément en vous serrant la main, à trois heures et demie hier après-midi, d'être dans la capitale du Canada à 9 heures et demie, mais quand vous saurez que j'ai pris la route ferrée, vous n'en serez pas surpris. Le trajet s'est fait avec la rapidité propre à cette ligne, et cependant, quand le cri du conducteur des chars nous fit entendre Pointe Lévi! nous fûmes étonnés que si peu de temps avait suffi à la bête à feu pour nous amener vis-à-vis de Québec. J'ai eu le plaisir hier matin de recevoir une invitation du Commandant Fortin de la Canadienne pour assister à une grande messe à bord de la corvette française la Capricieuse. Vous ne doutez pas que j'ai accueilli cette invitation de grand cœur. Dès dix heures et demie, une embarcation de La Canadienne vint nous prendre au quai de la Reine, et quelques coups de rames donnés par six bras vigoureux, nous eurent bientôt conduits au babord [sic] de la Capricieuse. L'accueil qui nous a été fait à bord de cette jolie corvette a été tel qu'il sera pour moi un long et doux souvenir. Jamais je n'ai rencontré des Français plus polis et plus prévenants que les officiers de ce bâtiment. Rien n'a été épargné pour le faire visiter, depuis son plus haut mât jusqu'à son fond de cale. Vers onze heures, le tambour annonça l'arrivée de l'aumônier et un second roulement de tambour annonça le commencement du service divin qui avait lieu à bord. Rien n'est plus solennel qu'une messe à bord d'un vaisseau. Vous voyez tous les marins en costume de fête, à l'air grave et chapeaux sur la tête, suivant dans le plus grand recueillement le prêtre. Un grand nombre de Dames et Demoiselles de Québec, avaient été invitées. L'empressement parmi les Québecquois [sic] était tel que plusieurs fois on fut obligé de refuser l'entrée de la corvette à une centaine de personnes arrivant dans les canots. Chaque jour, la Capricieuse est visitée par des milliers de personnes des paroisses environnantes qui louent des steam-boats pour s'y rendre. L'équipage se compose de 230 personnes, y compris l'état-major. Je ne puis en ce moment vous donner d'autres détails sur ce premier bâtiment de guerre français qui visite les eaux du St. Laurent depuis près d'un siècle. L'enthousiasme est tel, à Québec, en faveur des marins de la corvette que lorsqu'ils se promènent dans les rues, c'est à qui leur offrira l'entrée de sa maison pour converser avec eux. »
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