Les collections de la Bibliothèque nationale réunissent des documents composés principalement de papier, de colle, de textile, de matière synthétique et de peau d'animal. Ces documents ne sont pas inaltérables : bien au contraire, plusieurs facteurs, tels des conditions environnementales et des modes d'entreposage inadaptés aux besoins des collections, contribuent à leur détérioration. À cela s'ajoutent les effets de l'utilisation, tantôt attribuables à une manipulation inadéquate, tantôt à des pratiques inappropriées. L'altération des documents est aussi liée à certaines composantes du papier comme la présence d'agents acides. Cette dégradation est la plus insidieuse puisque ce qui la cause fait partie intégrante de l'objet.
La plupart des papiers antérieurs au milieu du XIXe siècle sont encore aujourd'hui dans un bon état de conservation, car ils ont été fabriqués à partir de matériaux aux composantes non acides tels que le coton, le lin ou le chanvre. Cependant, avec l'ère industrielle et l'essor de l'imprimerie, la consommation de plus en plus importante de papier a imposé la recherche de matériaux autres que les vieux chiffons pour la fabrication des pâtes à papier.
L'intégration du bois et de produits destinés à son traitement (blanchiment et encollage) ont eu pour conséquence une augmentation de l'acidité du papier obtenu. Ainsi, la présence de lignine, de chlore ou d'alun affecte la conservation des collections. De plus, sous l'action combinée de la lumière, de différents polluants atmosphériques et/ou d'une humidité relative trop élevée, l'oxydation et l'hydrolyse de la cellulose sont accélérées. Les mécanismes de dégradation sont facilement identifiables par la couleur jaune ou brune que prend le papier et par sa friabilité. Dès l'apparition de ces symptômes, les dommages étant irréversibles, tout est mis en œuvre pour ralentir la dégradation. De par son mandat, la Bibliothèque nationale a la responsabilité de freiner la détérioration de ses collections et de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sauvegarde de ce patrimoine.
Pour réaliser son mandat de conservation, la Direction de la sauvegarde des collections s'est dotée des politiques et des procédures suivantes régissant la mise en réserve, la préservation, la restauration et la reproduction par micrographie, photographie ou numérisation :
La manière dont les objets sont manipulés, transportés, consultés, reproduits et exposés fait partie intégrante du volet de conservation. À cet égard, toutes les équipes de la Direction de la sauvegarde des collections travaillent de pair dans le respect des normes et des techniques en usage afin que les documents se conservent le plus longtemps possible.
Magasin de conservation des cartes
géographiques, des affiches et
des estampes
Les réserves sont des espaces où sont entreposés les documents. Elles sont conçues pour préserver les collections de la Bibliothèque nationale pour les générations actuelles et futures.
Toutes les mesures sont prises pour atteindre cet objectif. Un contrôle de la température, de l'humidité relative, de la lumière et de la qualité de l'air, est assuré afin de maintenir des conditions environnementales optimales. De plus, une attention particulière est accordée au choix du mobilier et des techniques de mise en réserve ainsi qu'aux matériaux utilisés à cet effet et qui devraient être sans acide.
Les réserves sont regroupées à la Bibliothèque nationale (site Rosemont), à Montréal, tandis que les dépôts d'archives publiques se retrouvent dans les dix autres centres d'archives de BAnQ.
La préparation matérielle des documents, les travaux de reliure et la désacidification de masse sont des activités inhérentes à la préservation de l'ensemble des collections de la Bibliothèque nationale (site Rosemont)..
En ce qui concerne la préparation matérielle des documents, des mesures préventives sont apportées en majeure partie aux documents de la Bibliothèque nationale (site Grande Bibliothèque). La préparation est effectuée à l'atelier de reliure avant que les documents ne soient acheminés aux salles de consultation : le sceau BAnQ et l'ex-libris sont apposés sur le contreplat recto; l'étiquette portant la cote est fixée et une bande anti-vol est insérée; un ruban de toile est ajouté aux documents brochés; on plastifie les fenêtres sur la page couverture des brochures; et, dans certains cas, les coins et le dos sont renforcés.
La préservation des documents de la Bibliothèque nationale (site Grande Bibliothèque) est également assurée par le biais des réparations et autres travaux de reliure réalisés à l'atelier. Ces opérations permettent non seulement de consolider la préparation matérielle des documents effectuée au départ mais aussi de réparer les dommages suite à leur consultation en salle de consultation.
Les travaux de reliure s'effectuent entre autre pour les collections de livres et de publications en série tels les périodiques et les publications gouvernementales, d'abord selon des critères de valeur, d'utilité (par exemple, la fréquence de la consultation) et de format. On fait relier à l'externe, chez un relieur commercial, les documents qui le requièrent.
L'exemplaire de conservation n'est pas relié afin d'en conserver l'intégrité physique. Il est acheminé directement vers les réserves de conservation après avoir reçu un numéro séquentiel de localisation. Par la suite, si une réparation est requise, des traitements spécifiques au document seront réalisés, dans le respect de ce dernier, à l'atelier de restauration de la Bibliothèque nationale (site Rosemont).
On procède également, à titre préventif, à la désacidification de masse des collections de la Bibliothèque nationale, pour les exemplaires de conservation gardés dans les réserves. Actuellement, la collection des monographies fait l'objet d'un traitement prioritaire, suivie, par la suite, des journaux, des fonds d'archives privées et des revues.
Local de restauration
Trois grands principes de base sont en jeu dans la pratique de la restauration (stabilité, lisibilité et réversibilité) et tendent vers le même objectif : la préservation de l'intégrité du document. Ainsi, toute restauration devrait permettre d'obtenir une stabilisation mécanique et chimique ainsi qu'une meilleure lisibilité du document, et permettre d'en faciliter la consultation et la mise en exposition. Quelques-uns des traitements, les plus courants, sont le dépoussiérage, le nettoyage à sec, le marouflage (action qui consiste à coller du papier ou de la toile sur un support pour le consolider), le traitement aqueux, la désacidification et la pose de renforts.
La restauration pratiquée à la Bibliothèque nationale touche particulièrement les documents de grand format, les affiches, les estampes, les documents cartographiques, mais aussi d'autres types de documents, tels les dessins, les manuscrits, les livres et les livres d'artistes.
Parmi les mandats complémentaires au travail effectué en restauration figurent la préparation des œuvres destinées aux expositions ainsi que des travaux de conservation préventive de la collection (conception et fabrication de contenants appropriés pour chaque document aux fins de transport ou de mise en réserve, par exemple).
La Bibliothèque nationale reproduit les documents de ses collections, pour fins de conservation et de diffusion, et utilise pour ce faire, la photocopie, la photographie, la micrographie et la numérisation. Par l'entremise de ces différents procédés de reproduction, la Bibliothèque nationale permet à tous de consulter l'ensemble de ses collections.
Il est possible pour les usagers d'obtenir des reproductions de documents papiers (journaux, revues, livres, cartes postales et géographiques, estampes) ou d'enregistrements sonores (enregistrements commerciaux, fonds d'archives). Selon l'utilisation, des démarches auprès des ayants droit s'appliquent pour tous les services de reproduction.
Studio de photographie
Pour satisfaire les besoins de ses clientèles ou pour répondre à ses besoins en termes d'expositions, d'illustrations de pages couvertures et de publications, la Bibliothèque nationale offre un service de reproduction complet pour tous les documents contenus les collections de la Bibliothèque nationale. Les reproductions sont effectuées dans le respect des œuvres et de leur auteur; elles constituent des représentations fidèles des documents originaux. Les formats analogique (photographies ou diapositives) et numérique, de même que différents formats d'impression (laser, jet d'encre grand format, papier photo, etc.) sont disponibles.
On peut obtenir des informations concernant les reproductions en consultant les sections services et tarifs.
La numérisation sonore, dernière-née des services du Secteur de la reproduction, tout comme le microfilmage, a pour but de protéger les documents originaux tout en assurant une meilleure diffusion sur un support moderne. En plus de la production courante pour les clients, des projets de numérisation ponctuels sont mis de l'avant à des fins de conservation, de traitement ou de diffusion.
La numérisation des bandes magnétiques du fonds Gaston-Miron a été l'un des premiers projets effectués par ce service. Grâce aux copies d'écoute ainsi produites, les chercheurs peuvent maintenant découvrir le contenu de près d'une quarantaine de bandes magnétiques, dont plusieurs ont été enregistrées par Gaston Miron lui-même.
Il est possible d'effectuer une commande pour la majorité des supports commerciaux désuets ou récents en consultant les sections services et tarifs.
Parce qu'il est nécessaire pour la Bibliothèque nationale de préserver et rendre accessibles à tous les documents de ses collections, un service de reproduction de l'exemplaire unique sur un support alternatif, est offert en conformité avec la Politique de gestion de l'exemplaire unique.
Ainsi, à défaut de fournir l'original, une reproduction est réalisée, lorsque la Bibliothèque nationale ne possède qu'un seul exemplaire d'un document. Ce faisant, cette copie deviendra d'office l'exemplaire de diffusion. Le support de reproduction est choisi en fonction du type de document : les brochures de moins de 50 pages sont photocopiées, les livres de 50 pages et plus et les enregistrements sonores sont numérisés. Ce service est gratuit et le délai de production requis varie selon le support demandé.