Les collections patrimoniales de BAnQ comprennent 61,7 kilomètres linéaires d'archives et 1 081 005 titres publiés. Choisis pour leur rareté, pour leur originalité ou encore pour leur beauté, les « trésors » que l'on trouve ici illustrent la variété du patrimoine documentaire québécois sur une période de plus de 500 ans. Autant de « trésors », autant de moments clés de notre histoire.
Samuel de Champlain, Les voyages du sieur de Champlain Xaintongeois,
capitaine ordinaire pour le roy, en la marine, divisez en deux livres ou Journal
tres-fidele des observations faites és descouvertures de la Nouvelle France,
Paris, chez Jean Berjon, 1613. Bibliothèque nationale (site Rosemont)
(971.012 C453vq2 BMRA).
Il y a quatre siècles déjà, la Nouvelle-France naissait grâce à l'acharnement et aux multiples talents du Saintongeais Samuel de Champlain (1574-1635). En 1603, celui-ci s'embarque pour le Canada, remonte le fleuve Saint-Laurent jusqu'à l'île de Montréal et interroge les Amérindiens sur la géographie des lieux à explorer. À l'été 1608, il fait construire l'habitation de Québec, qui permet aux Français de s'implanter sur le continent et d'explorer l'intérieur des terres. Parue en 1613, cette compilation des récits de voyage de Champlain contient plusieurs illustrations : 3 plans d'habitations (Sainte-Croix, Port-Royal et Québec), 3 scènes de combat, 16 plans de ports, de rades, d'îles et d'embouchures de rivières, 2 cartes de la Nouvelle-France tout à fait remarquables par leur beauté et leur précision, l'une étant joliment illustrée d'Amérindiens et de divers spécimens de la faune et de la flore canadiennes. Dédié au jeune roi Louis XIII (qui avait alors douze ans) et à la reine mère Marie de Médicis, l'ouvrage raconte tous les événements notables survenus entre 1604 et 1613 : l'exploration des côtes acadiennes, la construction de l'habitation de Québec, les rencontres avec les Amérindiens, les traversées hasardeuses entre récifs et icebergs. Jamais jusque-là le littoral atlantique de l'Amérique du Nord n'avait été présenté de façon aussi détaillée. Voilà un livre qui est à la fois un témoignage éloquent et émouvant de l'œuvre du père de la Nouvelle-France et un bijou pour les historiens.
Montreal 5th Annual Winter Carnival – A Frosty Frolic and Ice Palace Fete, affiche, 96 x 35 cm, gravure en relief, Nashua/New York, Concord Railroad/American Bank Note Co., 1889. Bibliothèque nationale (site Rosemont) (AFF B 2371 CON).
Acquise en 2007 lors d'une vente aux enchères à New York, cette remarquable affiche est un vibrant témoin du battage publicitaire suscité par le cinquième carnaval d'hiver montréalais, en 1889. Transporteurs et médias étasuniens n'hésitent pas à en partager les retombées économiques et médiatiques avec les notables, gens d'affaires, autorités municipales et clubs sportifs locaux. Bel exemple de la maîtrise technique déployée par l'American Bank Note Co., l'exemplaire acquis par BAnQ porte la mention d'une petite ligne de chemin de fer qui courait sur 56 kilomètres au New Hampshire.
Le Neptune françois, ou atlas nouveau des cartes marines, Paris [c.-à-d. Amsterdam], Hubert Jaillot [c.-à-d. Pierre Mortier], 1700, relié avec : Suite du Neptune françois, ou atlas nouveau des cartes marines, Amsterdam, Pierre Mortier, 1700, et relié avec : Cartes marines à l'usage des armées du Roy de la Grande Bretagne, Amsterdam, Pierre Mortier, 1693, 78 cartes et 44 planches gravées. Bibliothèque nationale (site Rosemont) (G/1059/N4/1700 CAR).
Demandé par le ministre Colbert, Le Neptune françois est destiné à rivaliser avec les atlas maritimes hollandais et devait permettre à la cour de mieux connaître le littoral français. Le résultat paraît une vingtaine d'années après le début des premiers relevés, en 1693, puis de nouveau en 1700. Si Paris est mentionné comme lieu d'édition, c'est plutôt à Amsterdam que l'ouvrage est imprimé. D'après les spécialistes, ce serait l'atlas le plus coûteux que les Pays-Bas ont produit au XVIIe siècle. D'abord conservé à l'École normale Jacques-Cartier, l'exemplaire que possède la Bibliothèque nationale aurait été sauvé des flammes par trois étudiants lorsque l'école a brûlé en 1948.
Jean Deshayes,De la grande riviere de Canada appellée par les Europeens de St. Laurens,Paris, Nicolas de Fer, 1715, 62 x 97 cm. Bibliothèque nationale (site Rosemont) (G 3312 S5 1715 D4 CAR).
Cette carte est le fruit d’un pionnier des sciences au Canada, Jean Deshayes, désigné par Louis XIV pour effectuer des relevés du fleuve Saint-Laurent. À l’automne 1685, Deshayes voyage jusqu’au lac Ontario. Au retour, il observe une éclipse de lune, ce qui lui permet de calculer la longitude de Québec. Durant l’hiver, il parcourt la côte sud et l’île d’Orléans en raquettes, comptant chacun de ses pas pour mesurer les distances. Équipé d’une barque et d’un canot d’écorce, il sonde et cartographie l’année suivante l’estuaire du Saint-Laurent jusqu’à Sept-Îles. Pendant tout l’été, il collige des données utiles à la navigation sur le fleuve, travail fondé sur les connaissances mathématiques et astronomiques les plus à jour. Menés dans des conditions difficiles, de tels travaux de trigonométrie n’avaient encore jamais été tentés en milieu colonial, ni sur mer. L’exploit de Deshayes est tout à fait notable.
Histoire ou journal de la Pointe-aux-Esquimaux, 1857-1926. Archives nationales à Sept-Îles, fonds Placide Vigneau (P48, S1, D2.1).
Remarquablement bien conservé et écrit avec soin, l’« Histoire ou journal de la Pointe-aux-Esquimaux » est un véritable trésor pour les Nord-Côtiers et plus précisément pour les descendants des habitants de Pointe-aux-Esquimaux (aujourd’hui Havre-Saint-Pierre). Dans ce manuscrit, Placide Vigneau a colligé avec justesse les événements qui ont ponctué la vie du village depuis sa colonisation par les Acadiens des « Isles de la Magdeleine » en 1857 jusqu’à 1926. En parcourant les pages de ce cahier, c’est l’histoire des villageois qu’on voit défiler sous nos yeux. Conscient de la valeur de l’écrit, le pêcheur et gardien de phare explique les raisons qui le motivent à tenir ce journal : « Dans 20, 30, 40 ou 50 ans, il y aura bien des discussions au sujet des événements […], donc le mieux serait de les écrire afin d’éviter toute discussion qui ne nous rendrait pas plus savants », écrit-il avec sagesse.
Acte de capitulation du Fort Necessity signé par George Washington, 3 juillet 1754. Archives nationales à Montréal, fonds Juridiction royale de Montréal (TL4, S1, D6128).
Ce document d'une valeur historique inestimable témoigne d'une page importante de notre histoire puisque la bataille du Fort Necessity marque, avec l'affaire Jumonville dont elle découle directement, le début de la guerre de Sept Ans en sol américain et la première victoire des troupes françaises dans ce conflit. Il est signé de la main de George Washington, qui deviendra le premier président des États-Unis. Alors âgé de 22 ans, celui-ci est au début de sa longue carrière militaire.
Testament olographe et codicille de Jeanne Mance,
administratrice de l'Hôtel-Dieu de Montréal, recto,
16 février 1672 et 27 mai 1673., Archives nationales à Montréal,
fonds Cour supérieure, District judiciaire de Montréal,
greffes de notaires, Bénigne Basset dit Deslauriers
(CN601, S17, D596)
Le 17 mai 2012, à l'occasion du 370e anniversaire de Montréal, Jeanne Mance a été reconnue fondatrice officielle de la ville, initialement appelée Ville-Marie, au même titre que Paul de Chomedey de Maisonneuve. Un an avant sa mort, le 18 juin 1673, cette femme exceptionnelle consignait ses dernières volontés. Ce document unique à plusieurs égards, rédigé de sa main, témoigne du rôle de premier plan de cette laïque installée dans une jeune bourgade pour venir en aide aux indigents ainsi qu'aux blessés des nombreux combats entre Amérindiens et Européens. Sa vision, son courage et sa détermination sans faille sont à l'origine de la fondation de l'Hôtel-Dieu de Montréal. Ce document est également un exemple de la richesse des greffes de notaires sur lesquels repose une très grande partie de l'histoire de la jeune colonie française installée le long des rives du Saint-Laurent.
Le carnet de voyage d'un navigateur, vers 1800, 48 p. Archives nationales à Montréal, Collection initiale (P318, S11, P11).
Ce trésor archivistique à l'esthétique remarquablement soignée fait partie de la collection initiale des Archives nationales à Montréal. Son auteur, qui nous est inconnu, était sans l'ombre d'un doute un érudit de l'astronomie et un spécialiste des techniques de navigation. Son carnet, rédigé en anglais probablement à la toute fin du XVIIIesiècle, est constitué de notes théoriques relatives à la navigation, à la cartographie des continents et aux constellations. Notre savant a, selon toute vraisemblance, effectué quelques voyages en mer : le carnet a également servi de journal de bord et a documenté au quotidien le parcours navigué d'une destination à l'autre. Les différents voyages sont illustrés sur des cartes soigneusement dessinées. Pour en savoir plus...
Signature d'Hergé dans le livre d'or de la Compagnie Paquet, 15 avril 1965. Archives nationales à Québec, fonds Paquet-Le Syndicat inc. (P726, S1, D1, P096).
Fondée en 1850 par Zéphirin Paquet, la Compagnie Paquet Ltée a été l'un des commerces les plus importants à Québec au XXe siècle. Au cours de ses 131 années d'existence, l'entreprise a été dirigée par quatre générations de Paquet et de Laurin. Dans les années 1950, elle employait plus de 800 personnes dans son magasin de la rue Saint-Joseph, dans le quartier Saint-Roch, à son comptoir postal et dans ses succursales. Elle vendait de tout, ou presque : mercerie, literie, vêtements et accessoires, meubles, épicerie, quincaillerie, etc. Comme plusieurs entreprises, la Compagnie Paquet consignait dans un livre d'or le nom des invités participant à des événements spéciaux. La visite d'Hergé pour une séance de dédicaces, au printemps 1965, figure sans contredit parmi les moments les plus notables.
Joseph Saucier, Un Canadien errant, New York, Columbia Phonograph Company, 1905. Archives nationales à Sherbrooke, collection Jean-Jacques Schira.
Gravée sur cylindre de cire vers 1905, cette interprétation de Joseph Saucier accompagné d'un orchestre constitue l'un des plus anciens enregistrements connus de la chanson folklorique écrite en 1842 par Antoine Gérin-Lajoie, sur l'air de J'ai fait une maîtresse. Évoquant la rébellion des patriotes de 1837-1838, la pièce devient l'une des plus populaires de la seconde moitié du XIXe siècle au Canada français. Elle fut enregistrée à de nombreuses reprises par la suite. Ce cylindre phonographique fait partie de la collection Jean-Jacques Schira. Ancêtre du disque, il s'agit du premier support ayant permis l'écoute d'enregistrements sonores.
L'Osstidcho : les bandes audio retrouvées, Montréal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2012.
Accompagnés par le Quatuor du nouveau jazz libre du Québec, Yvon Deschamps, Robert Charlebois, Louise Forestier et Mouffe créent, au printemps 1968, une « désobéissance artistique » dont le titre trouve son origine dans une boutade de Paul Buissonneau, qui devait en être le metteur en scène. L'Osstidcho, présenté au Théâtre de Quat'Sous du 28 mai au 20 juin 1968, puis repris à la Comédie-Canadienne du 2 au 8 septembre 1968 (L'Osstidcho King Size), et enfin à la Place des Arts du 24 au 26 janvier 1969 (L'Osstidcho meurt), marque, par son pouvoir libérateur, la scène culturelle québécoise. On croyait avoir perdu toute trace de ce « big-bang de la chanson québécoise » jusqu'à ce qu'on retrouve les enregistrements sonores de deux représentations captées sur des bobines données à BAnQ d'une part par Yvon Deschamps et d'autre part par Alain Petel.
René Derouin, Terre rouge, estampe, 41 x 55 cm, Québec, 1981. Bibliothèque nationale (site Rosemont) (EST DER.R D TERRER 006470).
La Bibliothèque nationale possède 500 estampes de René Derouin, artiste montréalais né en 1936 dont les œuvres sont connues au Japon, aux États-Unis, au Venezuela et au Mexique. L'institution a honoré l'ensemble de sa production par l'exposition Fleuve, qui a été présentée du 1er octobre 2013 au 24 mars 2014 à la Grande Bibliothèque et dont l'artiste lui-même a été le commissaire. Conçue sur bois gravé et imprimée sur papier vélin en 25 exemplaires, Terre rouge exploite quatre couleurs : le rouge, l'orangé, le bleu foncé et le blanc. L'agencement et la répartition des couleurs évoquent le désert du Mexique sous un ciel étoilé. Derouin a étudié l'art et créé ses premières gravures dans ce pays qui l'a beaucoup inspiré et qu'il a visité à de nombreuses reprises.
Vue de la façade de l’église de Saint-Eustache occupée par les Patriotes, lithographie de Nathaniel Hartnell d’après un dessin de Lord Charles Beauclerk.
Lord Charles Beauclerk,Lithographic Views of Military Operations in Canada under His Excellency Sir John Colborne, G.C.B. etc. During the Late Insurrection, Londres, A. Flint, 1840. Collections de la Bibliothèque nationale (RES/AB/70).
Les oeuvres de Lord Charles Beauclerk (1813-1861), officier commandant des forces armées britanniques, sont devenues des incontournables pour illustrer le récit historique des rébellions de 1837-1838. Cette gravure représente l’un des trois affrontements de 1837 entre les Patriotes et l’armée britannique, affrontements qui eurent lieu à Saint-Denis, à Saint-Charles et à Saint-Eustache. Elle est tirée de l’album Lithographic Views of Military Operations in Canada, publié à Londres en 1840, et offre une vue de la façade de l’église de Saint-Eustache occupée par les Patriotes. L’église fut incendiée lors du siège mené par le major général John Colborne. Soixante-dix Patriotes y trouvèrent la mort. Elle est classée monument historique depuis 1970. Encore aujourd’hui, des traces laissées par des boulets de canon sont visibles sur la façade de l’église.
George Bourne, Picture of Quebec, Québec, D. & J. Smillie, 1829, 139 p. Bibliothèque nationale (site Grande Bibliothèque) (917.14471042 B7753p 1829).
Cet ouvrage de poche illustré de gravures constitue le premier guide touristique consacré à une ville québécoise et à ses environs. S'adressant aux riches touristes américains, il vise à mettre en valeur Québec, la ville fortifiée la plus ancienne en Amérique, garante de dépaysement grâce à sa culture et à son architecture françaises. L'auteur du guide souhaite que les Américains y restent plus longuement que les 24 heures qui lui sont normalement dévolues à la fin du parcours touristique à la mode intégrant le Nord-Est américain, les Grands Lacs, les chutes Niagara et le fleuve Saint-Laurent.
Montreal, Old and New – Entertaining, Convincing, Fascinating – A Unique Guide for the Managing Editor, Montréal, International Press Syndicate, 1915, 509 p. Bibliothèque nationale (site Grande Bibliothèque) (971.428 M8115 1915 FOL).
Cet ouvrage se veut un hommage à la ville de Montréal, qui, en 1915, se situe au sixième rang parmi les plus grandes cités du continent américain. Dans ce que l'on nomme aujourd'hui le Vieux-Montréal, une importante vague de mises en chantier vient de se terminer. Les nouveaux immeubles de bureaux sont impressionnants et donnent un cachet de modernité à Montréal. L'intérêt du document réside entre autres dans la richesse de ses photographies et gravures : plus de 1000 images d'édifices et de personnalités montréalaises y sont présentées. Le livre comporte également de courtes biographies de membres importants de la bourgeoisie montréalaise de l'époque.
André-Napoléon Montpetit, Les poissons d'eau douce du Canada, Montréal, C.-O. Beauchemin et fils, 1897, 552 p. Bibliothèque nationale (site Grande Bibliothèque) (597.1760971 M799p 1897).
Passionné de pêche à la ligne, André-Napoléon Montpetit, auteur, journaliste et père de l'économiste et professeur Édouard Montpetit, présente un talent exceptionnel d'observation des poissons, de leurs comportements et de leurs habitats. L'ouvrage est ancré dans la spécificité québécoise et bénéficie autant de la riche connaissance empirique de l'auteur que de sa fréquentation des ouvrages de naturalistes européens et nord-américains. Empreint de poésie, il séduit autant le pêcheur lettré que le naturaliste. L'ouvrage est agrémenté de fines gravures dont plusieurs sont en couleur.
Les véritables motifs de messieurs et dames de la Société de Nostre Dame de Montréal, pour la conversion des Sauvages de la Nouvelle-France, Paris, s. é, 1643. Bibliothèque nationale (site Rosemont) (094.1 V517ve 1643 BMRA).
En 1642, une poignée de colons français, menés par Paul Chomedey de Maisonneuve et Jeanne Mance, s’installent sur l’île de Montréal et fondent Ville-Marie. Les circonstances de la fondation sont racontées dans ce mémoire, qui explique entre autres les raisons du choix de Montréal comme base de la colonie. Il s’agissait d’établir en un lieu éloigné de la civilisation une communauté franco-amérindienne qui recréerait l’idéal chrétien. L’auteur de ce texte imprimé à Paris pourrait être Jean-Jacques Olier, fondateur de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice et membre fondateur de la Société de Notre- Dame de Montréal. N’étant destiné qu’à un cercle restreint de personnes, ce livre a été tiré à un très petit nombre d’exemplaires, dont on ne connaît qu'un seul exemplaire au Canada. Ce n’est qu’en 1880 qu’il sera republié par la Société historique de Montréal.
Jacques Philippe Cornut, Canadensium plantarum aliarumque nondum editarum historia […], Paris, Simon Le Moyne, 1635. Bibliothèque nationale (site Rosemont) (RES AD 28).
En 1635, Jacques Philippe Cornut publie en latin à Paris le premier traité de botanique de l’Amérique du Nord. L’ouvrage décrit une quarantaine d’espèces canadiennes, bien que Cornut n'ait jamais foulé le sol de l’Amérique. La majorité des spécimens de plantes dont il traite lui ont été fournis par les Robin, jardiniers du roi Henri IV, et les Morin, pépiniéristes de Paris. Ces spécimens ont peut-être été rapportés en France par Louis Hébert, premier apothicaire et herboriste de Nouvelle-France. Les 68 gravures sur bois pleine page, dont certaines sont en couleurs, représentent fidèlement les plantes, avec les racines, le feuillage et les fleurs. Cornut n’y décrit qu'un seul arbre d'Amérique, le robinier faux-acacia. Le spécimen originaire des Appalaches qu’il a observé se trouve encore aujourd’hui dans le square René-Viviani à Paris et est considéré comme le plus vieil arbre de la ville.
Cosmographie Introductio cum quibusdam geometrie ac astronomie principijs ad eam rem necessarijs – Insuper quattuor Americi Vespucij nauigationes […], Strasbourg, Johann Grüniger, 1509. Collections de la Bibliothèque nationale (970.4 W168co D 1509 BMRA).
D'apparence modeste, cet ouvrage très rare imprimé il y a plus de 500 ans porte l'explication des origines du nom Amérique. Écrit et imprimé en latin, une première fois en 1507 à Saint-Dié (en Lorraine), puis deux ans plus tard à Strasbourg, il est l'œuvre d'une poignée de savants fascinés par les explorations maritimes hors de l'Europe. L'ouvrage comprend deux parties, soit un traité de cosmographie ainsi que les récits de voyages du navigateur italien Amerigo Vespucci. Dans le chapitre ix, les auteurs introduisent un concept révolutionnaire pour l'époque : la présence d'un quatrième continent situé entre l'Europe et l'Asie. Ils baptisent ce nouveau monde « America », en hommage à Vespucci qui l'aurait découvert.
Jean-Baptiste de La Brosse, Nehiro-iriniui aiamihe massinahigan […], Québec, Brown et Gilmore, 1767. Collections de la Bibliothèque nationale (093.71 L126ne3 D 1767 BMRA).
Il s'agit vraisemblablement du premier ouvrage en langue autochtone – avec un abécédaire du même auteur – publié au Québec. Trois ans plus tôt, en 1764, les imprimeurs William Brown et Thomas Gilmore tiraient de leurs presses toutes neuves le premier imprimé de la colonie, le journal La Gazette de Québec / The Quebec Gazette. Arrivé en Nouvelle-France en 1754, le missionnaire jésuite Jean-Baptiste de La Brosse avait rapidement appris la langue des Montagnais (Innus) à leur contact. Désireux de bâtir chez eux une communauté chrétienne solide et autonome, dans laquelle l'enseignement religieux ne soit pas tributaire de la seule présence de missionnaires européens, La Brosse rédige puis commande à Brown et Gilmore 3000 abécédaires et 2000 livres de prières en langue innue. En contribuant à leur alphabétisation, il remet entre les mains de ses ouailles les outils de transmission du savoir chrétien.
Angelo Carletti, Summa angelica de casibus conscientiae, Venise, Georgio de Arrivabene Mantuanum, 1492, 1080 p. Bibliothèque nationale (site Rosemont) (RES DE/2).
Imprimé à Venise l'année de la découverte de l'Amérique, cet incunable fait partie des 73 ouvrages publiés avant 1500 que possède la Bibliothèque nationale. Imprimé pour la première fois en 1486, ce recueil ou dictionnaire de la théologie morale, divisé en plus de 650 articles, fut publié en au moins 31 éditions, la dernière datant de 1520. Fait à noter, l'exemplaire que possède la Bibliothèque nationale est rehaussé d'une magnifique enluminure.
Samuel de Champlain, Les voyages du sieur de Champlain Xaintongeois,
capitaine ordinaire pour le roy, en la marine, divisez en deux livres ou Journal
tres-fidele des observations faites és descouvertures de la Nouvelle France,
Paris, chez Jean Berjon, 1613. Bibliothèque nationale (site Rosemont)
(971.012 C453vq2 BMRA).
Il y a quatre siècles déjà, la Nouvelle-France naissait grâce à l'acharnement et aux multiples talents du Saintongeais Samuel de Champlain (1574-1635). En 1603, celui-ci s'embarque pour le Canada, remonte le fleuve Saint-Laurent jusqu'à l'île de Montréal et interroge les Amérindiens sur la géographie des lieux à explorer. À l'été 1608, il fait construire l'habitation de Québec, qui permet aux Français de s'implanter sur le continent et d'explorer l'intérieur des terres. Parue en 1613, cette compilation des récits de voyage de Champlain contient plusieurs illustrations : 3 plans d'habitations (Sainte-Croix, Port-Royal et Québec), 3 scènes de combat, 16 plans de ports, de rades, d'îles et d'embouchures de rivières, 2 cartes de la Nouvelle-France tout à fait remarquables par leur beauté et leur précision, l'une étant joliment illustrée d'Amérindiens et de divers spécimens de la faune et de la flore canadiennes. Dédié au jeune roi Louis XIII (qui avait alors douze ans) et à la reine mère Marie de Médicis, l'ouvrage raconte tous les événements notables survenus entre 1604 et 1613 : l'exploration des côtes acadiennes, la construction de l'habitation de Québec, les rencontres avec les Amérindiens, les traversées hasardeuses entre récifs et icebergs. Jamais jusque-là le littoral atlantique de l'Amérique du Nord n'avait été présenté de façon aussi détaillée. Voilà un livre qui est à la fois un témoignage éloquent et émouvant de l'œuvre du père de la Nouvelle-France et un bijou pour les historiens.
Louise Paillé, Série livre-livre : transverse, Notre-Dame-du-Mont-Carmel, L. Paillé, 2000, livre unique. Bibliothèque nationale (site Rosemont) (RES CH 160).
Ce livre-objet a été conçu et réalisé par Louise Paillé. Il s'agit d'une intervention sur le livre Les mots de Jean-Paul Sartre (Paris, Gallimard, 1964), dans lequel l'artiste a fait une transcription manuscrite intégrale du livre Ma terre, mon île de Janet Frame (Paris, Les Belles Lettres, 1992) et de Sur la lecture de Marcel Proust (Paris, Mille et une nuits, 1905). Ce livre singulier évoque, par la proximité de l'écriture manuscrite et de l'écriture imprimée, le labeur du copiste et la révolution de l'imprimé.
Pique-nique au lac Mégantic, vers 1896. Archives nationales à Sherbrooke, fonds Famille Lippé (P39).
Sur cette jolie photographie prise au lac Mégantic vers 1896 se trouve notamment le curé Choquette (à gauche), que l'on surnommait le « prêtre électrique » en raison de son intérêt pour la physique, l'électricité et la photographie. Les hommes, installés à une table de pique-nique dans un décor bucolique, profitent d'un repas qui semble succulent. La photographie provient du fonds de la famille Lippé, qui a habité quelque temps à Lac-Mégantic.
Montreal Winter Carnival, 1887 [official programme], Montréal, Burland Lithographic Co., 1887, 4 p. Bibliothèque nationale (site Rosemont) (PRO MONWIC 1887.02.07 x).
Arborant les premières armoiries de la ville de Montréal, ce programme évoque sans détour l'esthétique victorienne : élégance un peu surchargée, présence de dorures et de motifs floraux, frise de raquetteurs en silhouette. Du curling au toboggan, sans oublier la pratique encore nouvelle du hockey, la programmation du carnaval témoigne du développement des sports d'hiver à Montréal. Le succès de cette fête sportive hivernale inaugurée en 1883 suscitera des initiatives semblables ailleurs en Amérique, notamment à St. Paul (au Minnesota) dès 1886 et à Québec en 1894.
Richard III or the Battle of Bosworth Field [de William Shakespeare], after which, the farce of the Rendez-vous, or all in an uproar!, programme de spectacle, 35 x 14 cm, Montréal, Theatre Royal, 1825. Collections de la Bibliothèque nationale (PRO THEROY 1825.11.28 x).
Orné de l’emblème du prince de Galles, cet imprimé éphémère constitue une pièce de choix parmi un ensemble exceptionnel de 28 programmes. Publiés par le premier Théâtre Royal de Montréal entre son inauguration, le 21 novembre 1825, et la fin du mois d’avril 1826, ces précieux imprimés typographiques sont les plus anciens programmes de spectacles québécois que conserve la Bibliothèque nationale. Actif entre 1825 et 1844, le Théâtre Royal de la rue Saint-Paul est la première salle montréalaise construite expressément pour accueillir des représentations théâtrales. Il a été érigé sur le site actuel du marché Bonsecours à l’initiative de l’homme d’affaires John Molson père. Animée par une troupe d’une cinquantaine d’acteurs, musiciens et techniciens recrutés par le comédien-gérant étasunien Frederick Brown, l’ambitieuse première saison du Théâtre Royal mettra à contribution pas moins de 111 œuvres dramatiques.