À propos de BAnQ
Le recensement de 1784 pour Charlesbourg, L’Ancienne-Lorette, Wendake, Sainte-Foy, Batiscan, Sainte-Geneviève-de-Batiscan, Cap-de-la-Madeleine, La Prairie (Laprairie) et St-Philippe
La base de données
La base de données comprend les noms de 1586 hommes mariés inscrits dans un registre contenant le recensement de 1784 pour les seigneuries des Jésuites. Ces dernières sont : Notre-Dame-des-Anges (Charlesbourg), Saint-Gabriel (Ancienne-Lorette et Wendake), Sillery (Sainte-Foy), Batiscan (Batiscan et Sainte-Geneviève), Cap-de-la-Madeleine et Laprairie (La Prairie et Saint-Philippe).
L’ensemble des données a été relevé dans la base : les noms et prénoms des hommes mariés, l’âge, le nombre de maisons, de femmes mariées, le nombre d’enfants (garçons et filles âgés de plus ou de moins de 15 ans), le nombre d’arpents de terre de front (région de Québec) ou en superficie (régions de Trois-Rivières et de Montréal), la quantité de grain semé annuellement en minots, le nombre de chevaux, de vaches, de génisses, de moutons, de porcs et de bœufs ainsi que la quantité de fusils.
Les relevés nominatifs du recensement de 1784 ont été perdus, sauf pour les seigneuries des Jésuites, qui comprennent 9323 habitants, ce qui représente 8 % de la population canadienne. Cela rend donc unique notre registre.
L’âge associé au nom de la personne recensée offre la possibilité de mieux identifier les gens. Pour les généalogistes, cette information pourra orienter plusieurs recherches d’origine, notamment le cas des immigrants acadiens, français et allemands. Elle vient confirmer, préciser ou même compléter les données du Programme de recherche en démographie historique (PRDH),
Le registre
Le recensement de 1784 pour les seigneuries des Jésuites est conservé aux Archives nationales à Québec, dans la série Biens des Jésuites du fonds Ministère des Terres et Forêts (E21, S64, SS5, SSS1, D288). Il est entièrement disponible en ligne.
Le registre n’est pas daté ni signé. Toutefois, l’analyse des mentions d’âge confirme l’année 1784. De plus, le filigrane du papier correspond bien à l’époque de ce recensement. Notre registre serait donc une version relativement proche de 1784 et son contenu clairement associé à ce recensement.
Le traitement des données
Il est difficile de définir ce qui manque dans notre registre au regard de la population des seigneuries des Jésuites. Les officiers de milice chargés du recensement œuvrent normalement au niveau des paroisses et non des seigneuries. Or, une partie de la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges était en dehors de Charlesbourg. Le Petit Village relève de Beauport et La Canardière de Notre-Dame-de-Québec. À l’inverse, une partie des habitants de Charlesbourg vivent en dehors de Notre-Dame-des-Anges. Pour répondre à cette question, il faudrait situer la population. À cet égard, le recours aux aveux et dénombrements des seigneuries des Jésuites produits en 1781 et aux archives notariales pourrait être très utile.
La création de la base de données comportait une embûche majeure du fait que le recensement a été transcrit par un anglophone. Les noms de famille et prénoms sont souvent inscrits phonétiquement. Mayou, Maillou et Magou concernent les familles Mailloux, Wimet correspond à Ouimet, Bazil à Baril, Mozand à Moisan, Potras à Poitras. Il a donc été nécessaire de recourir à des sources comme le PRDH ou le Dictionnaire généalogique du Québec ancien pour bien identifier les individus et de faire preuve de beaucoup de détermination.
La présence du recensement de Wendake, le premier pour la Nation Wendat, est exceptionnelle. Grâce à la collaboration de Serge Goudreau, démographe rigoureux, il a été possible d’identifier chaque individu.
Le recensement de 1784
Produit par les officiers de milice des paroisses de la province de Québec suivant l’ordre du gouverneur Frederick Haldimand, le recensement de 1784 de la population de la province de Québec établit la population à 112 420 habitants, selon le document Recapitulation generale du Denombrement de la Province de Quebec en l'annee 1784[i]. Les villes et faubourgs de Québec et de Montréal compteraient alors respectivement 6450 et 6424 âmes.
Fait intéressant, ce tableau récapitulatif souligne la présence de domestiques de sexe masculin et de sexe féminin, d’hommes infirmes et d’esclaves pour les districts de Trois-Rivières et de Montréal. Ainsi, la ville et les faubourgs de Montréal comptent 1042 domestiques, 70 esclaves de sexe masculin, 72 esclaves de sexe féminin et 118 hommes de plus de 15 ans infirmes. Ces rubriques n’apparaissent pas dans notre registre.
Les données chiffrées ne concordent pas toujours, même à l’intérieur du registre ou du tableau récapitulatif. Les erreurs de calcul sont aussi présentes. En 1789, Adam Lymburner critiquait la tenue et les résultats de ce recensement :
« Le nombre de personnes qui y est indiqué est de 113 000, à l’exclusion des loyalistes. Mais ce recensement a été mené de manière très inadéquate pour obtenir un état réel de la population. Les personnes qui y ont participé n’ont prétendu avoir aucune autorité. Elles ont pris en compte chaque famille telle que le maître ou la maîtresse choisissait de la présenter. Et comme l’idée prévalait parmi les Canadiens à cette époque que le recensement n’était qu’un prélude à l’imposition d’un impôt par tête, cela les a incités à donner des informations inexactes du nombre de membres de leur famille. D’après les résultats des enquêtes que j’ai menées à ce sujet, l’accroissement naturel de la population et le nombre de colons qui sont arrivés dans la province depuis 1784, je pense que la population actuelle peut être estimée de manière assez juste, selon un calcul modéré, à 150 000 personnes[ii]. »
Remerciements
Nous tenons à remercier Réjeanne Filion qui a informatisé les données dont la lecture représentait un défi. Les interventions patientes d’Hélène Duval et de Jacques Lessard ont permis d’identifier correctement nombre d’individus. L’article de Serge Goudreau, dont nous reprenons certains éléments dans la base de données, a été des plus utiles pour Wendake. Qu’il en soit remercié.
Référence
GOUDREAU, Serge, « Les Hurons de Lorette au 18e siècle », Mémoires de la Société généalogique canadienne-française, vol. 63, no 2, cahier 272 (été 2012), p. 125-147.
[i] British Library, Add. MSS 21885, f. 259r-264r.
[ii] Traduction d’un extrait de la lettre d’Adam Lymburner, de Glasgow, 2 septembre 1789, The National Archives, C.O.42/66, f. 392r-392v.